Démolition : Proportionnalité et respect de la vie privée
La sanction en démolition : proportionnalité et respect de la vie privée
Sur le fondement de l’article L. 480-14 du code de l’urbanisme, une commune peut saisir le juge judiciaire en vue de faire ordonner la démolition ou la mise en conformité d'un ouvrage édifié sans autorisation d’urbanisme et en violation du plan local d’urbanisme. "La commune ou l'établissement public de coopération intercommunale compétent en matière de plan local d'urbanisme peut saisir le tribunal judiciaire en vue de faire ordonner la démolition ou la mise en conformité d'un ouvrage édifié ou installé sans l'autorisation exigée par le présent livre." L'action civile se prescrit en pareil cas par dix ans à compter de l'achèvement des travaux.
Conditions de l'action en démolition
Lorsque la construction édifiée est utilisée aux fins d’habitation, l’action introduite sur le fondement de ces dispositions peut conduire à l’expulsion des occupants. Dans l’affaire commentée, une propriétaire a construit un chalet en bois, où elle vit avec son conjoint et leurs enfants, alors que le terrain est classé en zone naturelle par le plan local d’urbanisme. La commune les assigne pour obtenir leur expulsion, ainsi que la démolition des constructions. La Cour d’appel a ordonné l’expulsion et la démolition de la construction illégale.
Recours en cassation
Le couple s’est donc pourvu en cassation et fait grief à la Cour d’appel de ne pas avoir recherché si la mesure de mise en conformité ne porte pas une atteinte disproportionnée au droit au respect de la vie privée et familiale et du domicile des personnes en cause, protégé par l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme.
Décision de la Cour de cassation
La Cour de cassation casse et annule l’arrêt. Il appartient donc au juge avant de prononcer des mesures d’expulsion et de démolition, dans le but de faire respecter des dispositions légales d’intérêt général, d’exercer un contrôle de proportionnalité. Ainsi, en matière de violation des normes d’urbanisme, la Cour de cassation confirme une nouvelle fois qu’un contrôle de proportionnalité est nécessaire pour ne pas compromettre le droit au respect de la vie privée et familiale et du domicile des personnes concernées.
Jurisprudence pertinente
Cette approche s’inscrit dans la même ligne que celle de la chambre criminelle. Cette dernière a jugé que la démolition d’une maison d’habitation ordonnée sur le fondement de l’article L. 480-5 du Code de l’urbanisme, sans répondre aux conclusions du prévenu selon lesquelles cette mesure porterait une atteinte disproportionnée au droit au respect de sa vie privée et familiale et à son domicile, en ce qu’elle viserait la maison d’habitation dans laquelle il vivait avec sa femme et ses deux enfants, et que la famille ne disposait pas d’un autre lieu de résidence malgré une demande de relogement (Cass. crim., 31 janv. 2017, n° 16-82.945).
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